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Enfin, tout à fait désespéré et furieux à la fois de se trouver à la tête de tant de jeunes princesses, le souverain ne voulut pas attendre la demi-douzaine et un jour que ses attaques d’épilepsie ou de delirium tremens lui laissaient un peu de répit, il s’empressa de quitter la cour subrepticement et d’aller consulter un grand spécialiste étranger sur un cas aussi désolant.

— Voyons, cher maître, quel est le moyen d’avoir un fils ? Ma femme à déjà touché la clef d’un saint célèbre qui a, dit-on, le pouvoir de faire avoir des garçons. Ça n’a servi à rien et me voilà à ma cinquième fille ; c’est intolérable. Sortez-moi de là et je vous nomme prince d’abord d’une de mes provinces, ce qui fait que vous le serez deux fois puisque vous l’êtes déjà de la science.

Le praticien sourit et répondit doucement :

— Hélas ? sire, il n’y a aucun moyen scientifique connu jusqu’à l’heure présente.

— Mais dites-moi au moins si l’on croit que ce soit la faute de l’homme ou de la femme ; car j’ai beau aimer la reine, je divorcerais comme feu Napoléon, si je pensais par ce moyen avoir un fils.

— C’est peut-être une solution quand la femme est stérile, mais ce n’est pas le cas et ici je crois humblement que le mari est seul coupable… Je vous demande pardon, sire, de ma franchise ; mais votre Majesté m’excusera, car je parle dans son intérêt pour l’éclairer et c’est le savant qui seul émet son opinion.