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Comme ils étaient fort intelligents, ils parlaient plusieurs langues, valsaient en mesure, jouaient admirablement du piano à quatre mains, mais ne pouvaient pas jouer aux échecs ensemble, quoique très forts, puisqu’ils savaient toujours mutuellement leurs pensées.

Comme, suivant la formule consacrée des romans de 1830, ils étaient jeunes et beaux et possédaient une assez jolie fortune personnelle, dès l’âge de vingt-deux à vingt-trois ans, ils songèrent à se marier ; mais, hélas, la chose n’était vraiment pas commode à réaliser et quelle jeune fille, quel jeune homme voudraient ainsi les épouser simultanément ?

Cruelle énigme !

Le jeune homme que j’appellerai Martin pour l’intelligence du récit et pour dépister les indiscrets, aurait bien de temps en temps offert une rose, dans un doux tête à tête avec une amie de rencontre, mais la pudeur instinctive de sa sœur s’y opposait impérativement.

Et ces pauvres enfants ne voyaient, ne pouvaient avoir de salut que dans le légitime mariage.

Enfin, après bien des recherches, des parents dévoués leur firent faire la connaissance de deux jumeaux, également de leur âge, également frère et sœur, mais non soudés, également parfaitement élevés mais sans fortune.

Petit à petit il se forma une véritable intimité entre eux, et les deux jumeaux non collés, subjugués par l’amour, dirent oui, quand Martin en son