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trouve en face d’un phénomène, non pas d’atavisme ancestral bien entendu, mais bien d’alavisme zoologique, dans l’échelle des êtres !

Au premier abord, ça peut paraître épatant, mais c’est pourtant comme cela et rien au monde n’est plus logique. Et, à ce propos, je veux citer ici simplement des faits bien curieux dont j’ai été témoin en Amérique voilà plus de dix ans et qui cependant me sont restés profondément gravés dans l’esprit, tout comme si c’était seulement d’hier.

J’allais, je l’ai déjà dit ici-même, je crois bien, plusieurs fois, en mission économique dans les Antilles espagnoles qui n’avaient pas encore été prises par les Américains du Nord et c’est dans l’une de ces Antilles espagnoles dont on me permettra de taire le nom, car je serais désolé de causer des ennuis, même rétrospectifs, à une femme fort honorable et du meilleur monde, qu’il me fut donné d’observer le cas suivant. Toujours est-il que voilà ce qui était arrivé à une jeune fille de riches planteurs espagnols chez qui j’étais reçu avec beaucoup de bonté et d’amabilité. Comme cela arrive souvent dans ces pays-là, le ménage, quoique jeune encore, possédait neuf enfants, tous plus jolis les uns que les autres, avec leur teint bistre et mat et leurs yeux noirs comme du jais, leurs deux petits pruneaux, comme disait la mère, en riant.

La fille ainée, Conception, avait à ce moment dix-neuf ans sonnés et c’était bien la plus sédui-