Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 200 —

nouvelles apportées au bazar de Peïchaver par les caravanes arrivant de Kaboul, des informations dont il ressort que l’émir aurait divorcé récemment d’avec toutes ses femmes, sauf quatre ou cinq.

Il a donné à ses épouses divorcées la permission de se remarier comme elles le voudraient, et a promis à celles qui ne s’y résoudraient pas de leur faire une pension suffisante pour assurer leur existence. Il a lancé en même temps une proclamation ordonnant à ses sujets de ne plus avoir que quatre femmes ; ils devront divorcer d’avec celles qu’ils ont actuellement. La proclamation menace de peines sévères quiconque n’obéirait pas à cette prescription qui est dans les lois mahométanes.

Seulement, comme ses 400 ex-belles-mères étaient furieuses de voir ainsi leurs filles abandonnées et rejetées, un peu défraichies dans la circulation, elles formèrent un vaste complot, connu aujourd’hui dans tout l’Orient, sous le nom de conspiration des belles-mères, et résolurent de tuer l’émir.

Heureusement qu’une femme ne sait jamais garder un secret plus de soixante-dix-sept secondes, et le brave Émir fut bientôt averti que ses jours allaient se trouver en danger, sous le fallacieux prétexte qu’il avait voulu avoir ses nuits tranquilles.

Sa situation était grave, tendue même : l’Émir ne perdit pas la carte et se dit : puisque l’on ne