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moi-même, de visu et de auditu pour arriver à cette conclusion inéluctable et, en même temps, très flatteuse pour notre amour-propre national, que les cafés-concerts de l’étranger étaient tout à fait aussi idiots et aussi ineptes que ceux de la France…

Depuis un moment mon opinion s’est heureusement modifiée en faveur de mon pays ; nous avons inventé :

Viens, Poupoule, viens !

Et ils n’en ont pas en Angleterre, ou c’est à peine s’ils peuvent se glorifier de posséder un vieux coq !

Cependant voilà trois soirs que j’allais au grand café-concert de ce grand port de mer de la noble Italie et le directeur de l’établissement qui n’avait pas tardé à savoir mon nom et que par conséquent j’étais tout à la fois un journaliste et un homme de lettres français, ami militant de l’Italie, ne savait que faire pour m’être agréable.

Il me parlait sans cesse du buste de Victor Hugo que nous avions porté l’année précédente au Capitole, du discours que j’y avais prononcé au nom de la France et il m’entourait d’une sorte de fétichisme démonstratif qui ne laissait pas parfois de me gêner.

Il était d’ailleurs fort exubérant, comme tous les méridionaux et il me semblait toujours voir en lui Bordenave doublé de Tartarin. Il faisait bien les choses et son établissement, le plus luxueux