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puis échanger avec eux des conversations interplanétaires, deux veufs, un homme et une femme, dont l’enveloppe était autrefois sur la terre, et qui se sont remariés, ou plutôt mariés pour la première fois sous leur nouvelle forme, dans l’autre astre, et qui l’autre jour se tordaient comme de vraies petites folles en voyant précisément leurs anciens conjoints respectifs se remarier ensemble sur la terre.

— Ah bien, disait la femme, je la plains, la malheureuse, avec un mari joueur, fumeur et bambocheur comme Ernest !

— Eh bien et ma femme de l’ancien temps, disait l’homme, qui était coquette, frivole, légère et dépensière, à telle enseigne qu’elle m’aurait mis sur la paille, si… je n’étais pas mort à temps.

— Bast ! Poupoule, à leur âge, ça n’est plus dangereux.

— Qui sait ?

Je ferai remarquer au lecteur que l’expression si douce et si charmante de Poupoule est en train de devenir à la mode dans la plupart des astres, et d’un autre côté le lecteur a déjà compris qu’il s’agissait d’un vieux, très vieux mariage sur la Terre. En effet, il ne pourrait pas en être autrement, le fluide-âme allant toujours se loger dans la peau d’un nouveau-né et non pas d’une personne existante et ayant déjà sa part de fluide ; il fallait donc que mon jeune ménage de l’astre en question ait eu le temps de grandir. C’est ce