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qui accompagne toujours la jeunesse, ne résistent jamais à un mobilier en palissandre et à la perspective de faire du 60 à l’heure dans l’auto du protecteur, ce qui est le dernier mot du genre !…

Mais j’ai bien promis de ne point faire de morale et m’arrête… de hareng-saur, comme disait un de mes vieux copains qui avait été concierge de l’Obélisque aux plus beaux jours de l’Empire, vers 1857 ½, si j’ai bonne mémoire.

Ce qu’il faut voir, dans ce joli métier de mannequin, dans cette profession décorative, quoique un peu humiliante, ce sont les côtés sérieux et c’est ce que je vais m’efforcer de faire, en cinq sec, après avoir retiré mes manchettes, pour ne pas être accusé de chercher à imiter servilement M. de Buffon, sous le fallacieux prétexte que je vais avoir à m’occuper des plus séduisants mammifères de la création !

Oui, au premier abord, vous vous écriez, chères lectrices, fortement étonnées :

— Quel joli métier, et si facile, et pas fatigant et si distingué !

Quelle erreur est la vôtre ! Le métier de mannequin ? Mais c’est simplement le bagne aggravé des travaux forcés.

— Vous exagérez.

— Pardon, je le prouve. Et pour me servir d’une formule célèbre d’économiste, ou d’économiste célèbre, comme il vous plaira, il y a toujours ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas. Ces pauvres jeunes filles, ces pauvres enfants ne