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avaient été donnés par un vétérinaire appartenant au Parlement.

Naturellement on n’avait pas trouvé ça beau et la Compagnie poursuivie par le propriétaire du vieux canasson qui était simplement tombé sous le coup de la rupture d’un anévrisme, car tout le monde sait que les chevaux ne manquent pas de cœur, avait été condamnée à lui payer une forte indemnité.

Malheureusement cette histoire n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd et un vieux cocher finaud, malin et roublard, quoiqu’il ne fût pas normand, et qui conduisait sa vieille rossinante chez Macquard cahin-caha, tout à coup, avait rebroussé chemin, se disant qu’il y avait là pour lui un coup de fortune, une mine à exploiter…

Donc tous les jours, à partir de ce moment, sa détermination prise, il refusait le client bénévole et rare et il se promenait sur les rails du tramway d’un bout à l’autre de la rue Lignaumur, en ayant soin de faire marcher toujours son cheval sur tous les plots.

Comme tous les matins il astiquait bien les fers de son cheval, ce dernier à tout bout de chant tombait — je dis de chant et l’on verra pourquoi tout à l’heure — mais de la foule, un sergent de ville se précipitait, relevait la pauvre bête, très anémiée par l’âge, les misères, le travail et peut-être des peines de cœur, mais pas du tout foudroyée.