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de doubler la dime imposée au pauvre peuple, en prenant 25 centimes pour eux.

Un tel état de choses, aussi oppressif que révoltant, ne devait pas tarder à provoquer des fraudes de toutes les couleurs que je me garderai bien de rappeler ici, d’abord parce qu’elles sont classiques pour la plupart et ensuite parce qu’il me faudrait au moins vingt-cinq pages pour énumérer les principales, depuis la pierre de taille évidée jusqu’aux tonneaux à double fond, depuis la cuirasse creuse que l’on se met sur le corps jusqu’au seau que l’on remonte la nuit, à bras tendus, du fond des fossés des fortifications.

Non, tout ça c’est de la gnognotte, comme l’on dit, à côté du beau travail qu’a organisé sur une vaste échelle un syndicat de fraudeurs non moins vaste et non moins puissant que ses devanciers, assure-t-on.

Très moderne le procédé et combien simple ; écoutez-moi cela : tous les jours, toute la journée, des automobiles élégants de toutes formes et appartenant à tous les mondes quittent Paris par toutes ses portes et poternes, juste avec les deux litres de pétrole destinés à les faire marcher et un quart-d’heure après, soit par le pont de Suresnes, par le bois de Boulogne ou par une autre porte, ils rentrent avec un récipient alimenteur plein de quarante ou cinquante litres. À 25 centimes par litre chaque voyage, même en déduisant les deux litres nécessaires pour la marche à