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Tout le monde à entendu ce joli refrain au siècle dernier et il semblait autrefois que ce mot de mirette fût bien le monopole des amoureux…

Aujourd’hui le verbe lui-même tend à devenir d’un usage de plus en plus rare et je veux pour un instant essayer de le tirer de l’oubli, en parlant de l’un des mille métiers ignorés de Paris.

Le mot miroir — mirrouer, comme l’on disait du temps de Rabelais, tend lui-même à disparaître et si, comme je l’ai souvent fait remarquer, notamment dans ma préface des Industries nationales, ces vocables n’étaient pas conservés, presque toujours par les différents corps de métiers, comme dans le cas présent, miroitier et miroiterie, il y a longtemps déjà, vraisemblablement, qu’ils seraient tombés dans l’oubli.

Voilà pourquoi il est grand temps de s’en occuper aujourd’hui.

Donc aux Halles, à Paris, il y a de braves gens qui ont un métier très spécial et relativement difficile, comme tous les métiers, pour être bien exercé, car il demande beaucoup d’habitude et une grande dextérité. Ce métier est exercé par les mireurs, c’est-à-dire par ceux qui mirent les œufs, qui constatent s’ils sont frais ou non.

Ça n’a l’air de rien, eh bien ça n’est pas si facile que cela ; ce n’est certainement pas très compliqué de mettre un œuf devant une chandelle autrefois, devant une bougie ou une lampe aujourd’hui, mais il faut deux conditions maîtresses :