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presque un franc à l’heure, en moyenne, gardant à leur compte les frais d’omnibus, les pertes de temps, etc.

Mettons un peu plus de 1 000 œufs à l’heure et prenons la moyenne entre 8 et 10 heures de travail, nous arriverons, en chiffres ronds et très approximatifs, bien entendu, à constater qu’un mireur examine 9 000 œufs par jour, ce qui indique pour les 95 mireurs des Halles de Paris le joli chiffre de 855 000 œufs mirés et vérifiés par jour.

Il paraît que souvent on atteint le million, en pleine saison et surtout pendant l’époque des grandes ripailles familiales, de la Noël aux Rois, en passant par le 1er janvier.

— Cet homme qui mire mit donc une heure pour vérifier ce gros tas ?

— Parfaitement, car celui qui mire adore son métier ! Du reste, celui qui mire, lit-on dans les livres, est un travailleur sérieux et courageux et celui qui mire a belle pour travailler. Les œufs ne lui manquent pas. Il ne faudrait pas lui dire : mire, ô beau lent, car on ne garderait pas un mireur empoté et lambin !

Mais en voilà assez pour faire comprendre toute l’importance de cette grande corporation des mireurs, bien inconnue, même des parisiens et pour montrer toute l’importance de son rôle social, au point de vue de l’hygiène. Sans elle, il est certain que plus d’une bonne dévote ferait gras le vendredi, en avalant un petit poulet déjà à moitié formé.