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Allez chez les uns ou les autres — surtout chez les premiers qui sont plus malins — et il faudra que vous le soyez joliment malin vous-même pour savoir si ce buffet, cette jolie crédence en vieux chêne sculpté, ne sont pas faits de panneaux disparates, de pièces et de morceaux, ramenés habilement dans la tonalité voulue, si ces céramiques sont authentiques et si tous ces jolis bibelots en vieil argent n’arrivent pas en droite ligne depuis un mois d’une usine allemande qui a cette spécialité.

En effet, l’Allemagne s’est fait depuis quelques années une spécialité d’imiter à miracle tous les bibelots, jouets, etc., en ivoire, argent ciselé, etc., de Louis XIV à aujourd’hui et je ne pourrais pas m’empêcher d’admirer l’ingéniosité, la patte et l’adresse de ces aimables et avisés industriels — je dis aimables, car on l’est toujours quand on gagne beaucoup d’argent en roulant ses semblables — si, au moins, ils avaient l’honnêteté de ne pas nous vendre du faux pour du vrai. Oui, certainement, mais tout est là et alors si l’on faisait le métier avec conscience, il est évident que les bénéfices diminuraient, ipso facto, des trois quarts.

Mais pour me confiner dans le monde de la curiosité et surtout des marchands d’antiquités, je voudrais en citer quelques exemples célèbres entre tous, que tout le monde connaît évidemment, mais auxquels on ne pense pas assez, pour en tirer les conclusions qu’ils comportent.