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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/500

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Et on lui expliqua que la noblesse vivait de ce métier, qu’elle exerçait ainsi un genre aussi ancestral que féodal de dîme, mais que les brigands étaient des gentilshommes irréprochables, et une fois bien convaincu, il s’entendit avec le chef des brigands qui tenaient la route, le marquis de X…, un gentleman parfait, qui lui fournit une escorte pour la voiture de sa femme et, pendant les trois mois qu’il resta en Grèce, il n’eut qu’à se louer des procédés et de la courtoisie du chef des brigands aussi bien que de ses hommes.

En Extrême-Orient, c’est autre chose, il n’y eut jamais de brigands, mais seulement de pauvres diables qui meurent de faim. Il en est de même des pirates et, involontairement, on fredonne la si tant délicieuse romance de nos mères :

Entre dans ma tartane,
Jeune grecque à l’œil noir ;
Tu seras ma sultane,
Mon amour, mon espoir.

Il est évident que ce système d’agence pour traiter à forfait de l’enlèvement des jeunes filles neurasthéniques par les brigands dans les montagnes est appelée au plus grand succès.

Non seulement on leur procurera de fortes émotions, mais encore quasiment la fortune en publiant des volumes, en faisant des conférences au sortir de la captivité.

Ces bons brigands, qui sont vraiment ingénieux, ont pensé à tout, et ils se sont assuré la collaboration d’un certain nombre de journalistes