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rogateurs et comme il vit que les miens exprimaient un vrai sentiment d’intérêt, sans vaine curiosité, il réfléchit un instant et lentement :

— Je vois bien que vous me portez un réel intérêt ; eh bien, venez ce soir dîner avec moi chez Verdier, à huit heures, et je vous conterai ma vie tout en vous demandant un conseil, car je me trouve bien dans la situation la plus atrocement douloureuse que l’on puisse imaginer.

— Bast ! à votre âge ! nous verrons cela ; à ce soir.

Lorsque nous eûmes fini de dîner sobrement dans un petit cabinet du premier, tout en prenant le café, il commença en ces termes :

— Oui, mon ami, il faut que j’aie une grande confiance en vous pour vous avoir convié à écouter mes plaintes ce soir et, le cas échéant, pour être prêt à suivre vos conseils, s’il est vrai toutefois qu’il puisse y avoir un remède à l’effroyable situation dans laquelle je me trouve actuellement.

Vous me connaissez, vous savez si je suis un garçon sérieux, un travailleur.

— Certes.

— Mais j’ai vingt-sept ans, j’aime follement valser…

— Ce n’est pas un crime ; j’ai connu cette folie autrefois.

— Or, dans le monde, j’ai rencontré deux sœurs absolument adorables, bonnes musiciennes, jeunes, jolies, plus : très belles et j’en suis tombé amoureux fou…