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— C’est de la démence.

— Pas du tout, c’est beaucoup plus pratique, plus sûr et plus humain que les ignobles électrocutions des Américains qui ne vous tuent pas, comme tu l’as constaté et raconté toi-même, mais qui sont un martyre atroce…

— Ça, je te le concède.

— Tu vois bien que j’ai raison.

— Je ne dis pas ça.

— Dame ! Voyons, soyons logique et écoute-moi bien ; aujourd’hui on n’a plus besoin d’employer la poudre, comme du temps de l’auteur des Mousquetaires, avec une simple pilule de mélinite, on peut faire très proprement sauter un homme…

— Tu me fais froid dans le dos.

— Il n’y a pas de quoi.

Et sur ce je partis en voyage et nous nous trouvâmes séparés pendant assez longtemps. Cependant un jour je reçus de lui une longue lettre, moitié badine, moitié sérieuse, ou il me racontait que sa femme était atteinte d’une grave maladie d’estomac, qu’il lui avait appris à avaler le tube de caoutchouc et à faire les lavages d’estomac et il ajoutait sur le mode ironique : « J’éprouve une véritable volupté à me dire qu’à sa nouvelle infidélité je tiens ma vengeance ; une pilule de mélinite dans le tube et, crac, ça y sera ! »

Chose curieuse, cette lettre me tranquillisa un peu :