Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/108

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qui sont polies, vernies et transparentes comme de l’agate. Cette précaution est nécessaire dans un endroit où, parmi tant d’étrangers, il vient nécessairement une foule de jettatori. Malheur à celui qui entre dans une maison pour la première fois, et qui, par maladresse ou timidité, renverse une table, brise une porcelaine, ou marche sur le pied d’un enfant ! On le regardera de travers, et il ne trouvera personne au logis à la seconde visite, à moins qu’il ne soit doué d’une figure extrêmement sympathique. Le Rinaldo et le conteur d’histoires, entourés de leur public impressionnable, s’arrêtent court au milieu d’un vers, le bras étendu, le regard fixe, l’index et le petit doigt arrangés cabalistiquement, aussitôt qu’une paire de lunettes de mine suspecte paraît dans le cercle des auditeurs ou rôde sur le môle autour de leur emplacement. La crainte de la jettature n’est point particulière aux Napolitains ; l’Italie entière en est préoccupée, mais c’est une chose trop connue pour qu’on s’y arrête.