Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/147

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tendrissement, qui avaient partagé mes veilles, qui souvent dans notre pays, lorsque je rêvais, le soir, au coin du feu, s’étaient racornies sur les charbons pendant mes distractions, elles se tournaient contre moi pour m’assassiner ! À ce dernier coup, plus cruel que tous les autres, blessé au cœur comme César par le poignard de son cher Brutus, je m’écriai : « Et vous aussi, mes vieilles amies ! » Puis je cachai ma tête dans mes draps, et je m’endormis profondément.

Le lendemain, une pluie douce avait abattu le vent. Des bandes de satin rose s’étendaient au-dessus du Vésuve, et Capri avait recouvert de son voile bleu le palais de l’infâme Tibère. L’accès de fièvre s’était envolé bien loin sur les ailes du sirocco. Le bateau de poste français, retardé par le mauvais temps, faisait son entrée dans la baie, enseignes déployées, montrant au loin les trois couleurs nationales, qu’on aime et qu’on respecte beaucoup à trois cents lieues de son pays. Une heure après, je tenais une bonne provision de let-