Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/155

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n’a sur son épaule nue qu’un bout de corde, une lanière de cuir ou un brin de filet, se pose encore comme s’il n’avait pas perdu l’habitude de se draper dans la toge romaine. Quelques-uns prennent des noms historiques : Vespasien, Titus, Asdrubal, Tibère même, auquel ils ajoutent une lettre pour en faire le mot plus sonore de Timberio. En les voyant groupés au soleil, ou étendus sur leurs barques, avec des physionomies calmes et résolues, vous les sentez plus forts que leur destin, et l’idée ne vous viendrait pas de les plaindre ; mais si vous allez par là un jour de pluie, lorsqu’ils s’enveloppent comme ils peuvent de leurs fragments d’habits, de leurs cabans roussis par l’âge et le sel de la mer, la noblesse de ces figures luttant contre les injures du sort vous fera saigner le cœur. Ce dut être à Chiaja que le généreux saint Martin, n’ayant plus d’argent à donner, partagea son manteau avec un lazzarone. C’est à cet endroit que le grand M. de Guise, échappant à la flotte espagnole, dans une barquette, vint aborder après la mort