Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/161

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France. C’est qu’elles ont le sentiment de la vraie beauté, dont les règles sont fixes et non pas livrées au caprice de la mode. Pourquoi telle forme de chapeau évasée, qui était belle l’année dernière, devient-elle affreuse cette année, où il faut les porter étroites ? Si l’une prend l’avantage sur l’autre, ou le perd, c’est par une dépravation du goût, puisque ni l’une ni l’autre ne sont belles. La beauté italienne repose sur des bases solides ; elle peut se transporter sur une toile ou se mouler en bronze, tandis que l’artiste se consume et finit par échouer devant la beauté rétrécie du Nord et ses ornements de convention. Donnez une serviette à une fillette d’Ischia, elle saura l’arranger sur sa tête, et en fera un turban plein de grâce, sans avoir besoin de miroir et tout en marchant dans la rue. Expliquez-lui comme quoi une pèlerine vaut mieux qu’un crispin, qui l’an passé valait mieux qu’une pèlerine : elle n’y comprendra rien, et se mettra à rire.

Deux heures avant l’Angélus, au moment où le soleil a perdu un peu de sa force, quittez le