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vous-même qu’on en veut, c’est seulement à vos piastres. Il faut payer pour entrer dans une ville, pour la traverser, pour y séjourner plus de trois jours, pour des visa, pour une carte de sûreté, pour des reçus, des permissions de retirer le passe-port d’un bureau et le présenter à un autre bureau où l’on paye encore. Lorsque vous voulez partir, c’est une cérémonie à recommencer, et le facchino que vous chargez de toutes ces commissions exagère ses fatigues, afin de mériter une plus grosse récompense. De jeunes artistes, avec leur modeste budget, ont assurément dépensé, à la fin d’un voyage en Italie, plus d’un mois de leur pension en frais de passe-port, sans compter les bonnes-mains à donner aux facchini. Yous ne traversez pas une ville, un village, une bourgade, sans exhiber vos papiers, et régaler le soldat qui vous les rapporte. J’ai compté ainsi jusqu’à onze timbres et visa dans un seul jour. Mon passe-port était devenu un volume relié, plus illustré que le non piccol’libro, où Leporello inscrit les bonnes fortunes