Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/19

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quelque étudiant laborieux ou quelque acteur apprenant son rôle. C’est là qu’on goûte véritablement l’ombre et le frais, et que l’esprit se repose dans une demi-solitude comme font les yeux dans le demi-jour. J’ai toujours aimé ces vieux marronniers du Luxembourg où je passais en allant au collège Henri IV, et sous lesquels Diderot raconte qu’il venait souvent rêver pendant sa première jeunesse, lorsqu’il avait le cœur tendre, la tête chaude et des reprises de fil blanc à ses bas de laine noire. Gênes me paraît être, par sa situation au fond du golfe, comme ces allées solitaires de nos promenades publiques. Les voyageurs pressés d’arriver à Florence ou à Rome la laissent de côté. Ceux qui suivent la voie de terre ne la rencontrent pas sur leur route, et ceux qui prennent les bateaux à vapeur ont à peine douze heures de répit pour regarder à la hâte et disparaître. Gênes est pourtant une ville intéressante dont les beautés sont éparpillées et demanderaient un long séjour. L’aspect des rues offre une transition