Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/208

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dinaire, se prête à toutes sortes de bouffonneries. Ce qui élève Altavilla au-dessus de ses confrères, c’est qu’il est le Molière de la troupe. Depuis plusieurs années, quoiqu’il paraisse à peine âgé de trente-cinq ans, on ne joue que ses ouvrages, et ce n’est pas une petite affaire que d’alimenter le théâtre de San-Carlino. Tous les samedis, pendant la saison d’hiver, il faut une pièce nouvelle. Jamais la première représentation n’a manqué d’arriver au jour convenu. En une semaine on fait, on apprend et on répète une comédie, tout en jouant celle de la semaine précédente. Le fécond Lope de Vega lui-même se serait fatigué de ce métier-là, et aurait peut-être donné sa démission. Le signor Altavilla est aussi frais d’esprit et aussi en train que le premier jour.

Vous devinez sans peine qu’avec si peu de temps pour composer et préparer une pièce, il est impossible qu’on l’écrive avec soin, et même qu’on la mette entièrement sur le papier. Le canevas seul est déterminé, une partie des scènes à demi ébauchée, quelques mots