Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/263

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bien me corriger à la façon de ses pareils.

La chose étant faite, il n’eût servi à rien de me mettre en colère. Je donnai quelques avis maternels à l’épousée, qui me promit d’avoir toujours pour moi le respect d’une fille, et puis je l’embrassai en lui offrant un présent de noce. Une distribution aux conviés termina la séance. On remonta dans les voitures aux cris de : Vive la signora ! vive la reine des trovatelles ! Et on s’en alla danser sous une treille.

Depuis ce jour, Antonia n’a plus connu le désœuvrement, véritable cause de ses fautes. Elle se lève de grand matin, travaille comme une bête de somme, et au bout de deux ans de mariage, elle est enceinte de son troisième enfant. Lorsqu’elle tourmente son mari, les querelles se terminent par des coups ; ces petits orages passagers sont des crises favorables après lesquelles Antonia devient douce comme un agneau. Quant à moi, j’en suis pour mes peines, mes bienfaits et mes frais de tendresse, dont la madone n’a pas voulu