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dans le palais où régnent l’alambic, le baromètre et le scalpel.

Miss Nancy avait lu l’analyse de ce curieux mémoire. Soit que sa réserve anglaise fût justement effrayée de la tournure que notre conversation pouvait prendre, soit que ce sujet touchât une corde sensible, elle me parut agitée, et se mit à marcher sur le pont du bateau d’un pas si vif que je ne crus point devoir l’accompagner. Après avoir fait le tour de la galerie, elle s’arrêta auprès de moi :

— Ainsi, me dit-elle, vous pensez que les femmes n’ont pas assez d’âme pour devenir folles par amour ?

— Je ne sais qu’en penser ; j’hésite et je cherche encore. Il est certain que les chiffres ne mentent pas.

— Eh ! mon Dieu ! ces chiffres sont exacts ; c’est la conséquence qu’on en tire qui est une erreur. S’il y a moins de folles que de fous par amour, c’est peut-être que ce qui vous ôte la raison nous tue. Nous reprenons l’avantage par la mort.