Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/326

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nent. S’ils tombent, vous tombez avec eux. Le mouvement contrarié de leurs pas forme une combinaison de petites secousses sur laquelle le savant M. Poinsot pourrait ajouter un beau problème à son Traité des Forces. On doit se tenir bien droit, sous peine de faire chavirer la machine, et comme les mulets ont chacun une vingtaine de clochettes au cou, il est inutile de pousser des cris que personne n’entendrait. Entre le procédé des chemins de fer et cette façon de voyager du temps de la bataille de Lépante, il y a quelques échelons à franchir. Notre letiga, du reste, était belle, quoique très-vieille et toute fendue. On l’avait ornée au dehors d’un papier peint, et l’intérieur contenait des tapisseries d’un âge respectable. Elle avait dû servir aux courtisans de don Juan d’Autriche , et depuis au grand Caraccioli, lorsqu’il vint en Sicile abolir l’inquisition.

Les mulets, liés entre eux par les brancards, se gênaient l’un l’autre dans leur marche. Au bout de trois lieues, ils avaient déjà fait une douzaine de faux pas. Le guide qui nous avait