Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/370

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de papier, en vertu de quoi on l’expédia sur le continent aux troisièmes places du bateau postal, entre des volailles et des thons salés. Le pauvre garçon ne fut pas plus tôt incorporé dans un régiment d’infanterie, livré aux sergents instructeurs, et soumis à une discipline inflexible, qu’il comprit sa faute et pleura sa liberté. Il s’en alla dicter une lettre pathétique à l’un des écrivains publics de la place du Castello, pour demander à ses oncles de lui acheter un remplaçant ; mais il fallait deux cents piastres, et toute la famille n’en possédait pas cinquante.

Agata n’ignorait pas le malheur de son ancien ami. Le commis-voyageur de la maison avait rencontré Zullino à Naples. Soit par intérêt pour le sort de ce jeune homme, soit pour se donner de l’importance, le commis assura que Zullino n’avait pas longtemps à vivre. Agata prit aussitôt sa chaîne d’or, ses pendants d’oreilles et ses bracelets. Un bijoutier lui offrit du tout ensemble vingt-cinq piastres, et après cette expédition infructueuse elle rentra