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quelques-unes, il est vrai, mais je les ai gagnées par mon travail, et je ne les donne pas à poignées.

— Ainsi vous me refusez l’argent dont j’ai besoin ? C’est donc pour cela que l’on m’a fait épouser un homme riche ?

La signora lança au marchand de soieries un regard de mépris si accablant, que, malgré sa vanité, il sentit pour un instant qu’il n’était au fond qu’un pauvre sire et de plus un pince-mailles. Tandis qu’il faisait d’utiles réflexions sur ce sujet, Agata prit sa mante et sortit précipitamment de la maison.

Il y avait alors sur les côtes de Sicile un embaucheur turc qui venait pour séduire et acheter de belles filles dont il faisait des esclaves en leur assurant qu’elles seraient libres dans un temps déterminé. C’était toujours le sérail délicieux d’un bey ou d’un pacha qu’il offrait en perspective, et lorsqu’on arrivait sur l’autre rive de la Méditerranée, les filles enlevées étaient probablement vendues sur le marché aux esclaves. Ces spéculations lucratives