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cartes, amoureux à la folie, mais très-facile à consoler dans la disgrâce ou l’abandon.

Les Français, disait Charles-Quint, paraissent fous et ne le sont pas. Si ce grand prince nous voyait à présent, il changerait d’opinion, et nous trouverait sans doute aussi fous que nous le paraissons. Ce sont plutôt les Napolitains qui sont plus sages qu’ils ne le paraissent. Leur turbulence cache une raison profonde. Tandis que nous nous agitons à poursuivre un bonheur qui nous tourne le dos, le Napolitain est heureux par lui-même. Au lieu de se créer des besoins factices, il jouit du peu qu’il a. Le ciel lui a fait les dons les plus précieux : la bonne humeur, sans laquelle César envie le sort d’un portefaix, la sobriété, source du bien-être et des bonnes sensations, et la résignation, qui est la sobriété de l’âme.

Rien n’est divertissant comme l’humeur démonstrative du Napolitain. Il parle autant avec ses mains et tout son corps qu’avec sa langue. L’exagération est un besoin pour lui. Le terme le plus emphatique est celui qu’il choisira pour