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est naturelle et commode, c’est-à-dire bien campé sur la hanche droite, la veste drapée en manière de manteau, le nez en l’air, le poing sur le flanc gauche, et le bonnet penché sur l’oreille. Vous prenez votre crayon et vous pensez déjà tenir un dessin à consulter comme souvenir ; mais, au bout de cinq minutes, le lazzarone commence à bâiller, à étendre ses membres et à se remuer comme un enfant. Au bout de dix minutes, il n’y tient plus ; il vous tire sa révérence, et renonce à la piastre si désirée, tant la moindre contrainte lui est odieuse ! Son sacrifice est fait à l’instant sans hésitation ; il rentre dans son insouciance philosophique, et s’en va chantant de tout cœur sans songer à ce qu’il vient de perdre.

Ce sont des contes de bonnes femmes et des récits de commis voyageurs qui ont dépeint ces gens-là comme des assassins et des coupe-jarrets. Nulle part il n’y a autant de misère qu’à Naples, et nulle part on n’a aussi peu de goût pour le désordre. Avec une po-