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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/131

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entrèrent à la locanda. Une ciasque de vin leur ayant échauffé la tête, ils commençaient à se jeter des regards farouches, lorsque le pifferaro du pont Rotto vint jouer de son fifre près de la fenêtre et leur demander l’aumône. Vespasien lui donna un baïoc ; mais Ambroise lui jeta une feuille de salade au visage en lui disant d’aller au diable.

— Don Vespasien, s’écria le mendiant, sois béni ; je te porterai bonheur. Tu réussiras dans tes projets.

Puis il tourna ses prunelles jaunes vers don Ambroise, et lui rit au nez en faisant une gamme sur sa flûte. Le lendemain, le père amena au logis le fils d’un tourneur, excellent ouvrier, et le présenta comme un homme dont il avait agréé la demande en mariage. Giovannina reçut le prétendant avec froideur, mais elle n’osa point parler de son amitié pour Vespasien. Don Ambroise, toujours à son poste, avait compris ce qui le menaçait. À la nuit, le tourneur, en sortant du cabaret, fut accosté