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Le peuple de la Sicile a d’excellentes raisons de ne pas nous connaître. Les traités de poste nous interdisent toute communication directe avec cette île. Nos bateaux à vapeur qui sillonnent la Méditerranée passent en vue des côtes sans y aborder. Un privilège accorde aux seuls bateaux napolitains le droit d’entrée dans les ports, ce qui constitue un blocus permanent dont on comprend aisément les conséquences. Les idées de l’Occident peuvent aller où il leur plaira, jamais elles ne mettront le pied en Sicile sans permission. Il ne serait pas vrai de dire que ce pays soit arriéré d’un siècle ; il a marché de son côté sans le secours des autres, aidé faiblement par les reflets que Naples lui envoie. À force d’intelligence, la Sicile supplée à ce qui lui manque, et son originalité se soutient tandis que tout se façonne sur le même modèle dans le reste de l’Europe. En allant de Saint-Jean-d’Acre à Moscou, l’aigle de Napoléon a volé par-dessus la Sicile, et le regard du conquérant ne s’est point arrêté sur cette île magnifique en exa-