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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/165

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de fleurs, chargées de leurs corbeilles, vous présentent leurs bouquets et passent à la table voisine sans attendre que nous portiez la main à votre poche ; puis elles disparaissent quand leur ronde est achevée, semant ainsi partout des créances qui finissent toujours par être payées. Les fleuristes ne demandent point d’argent ; celui qui voudrait mettre à l’épreuve leur générosité se ferait régaler de bouquets jusqu’à sa mort, et le sourire de la marchande serait aussi amical le dernier jour que le premier. Lorsque enfin vous voulez acquitter votre dette, vous donnez plus que les fleurs ne valaient ; mais la délicatesse du procédé est d’un prix inestimable. La fleuriste vous a épargné la forme grossière du commerce, et, comme si on lui offrait ce qu’on ne lui doit point, elle accepte votre gratification sans la regarder, en ajoutant une belle révérence au sourire de tous les jours. Un boisseau de magnolias, bien marchandé, peut s’obtenir à Florence pour vingt sous ; jamais cette acquisition avantageuse ne vous ferait autant de plaisir que le