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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/171

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capitaines intrépides hésiter à tirer l’épée, un général retenir trente mille soldats qui demandaient à marcher au bruit du canon, et livrer ainsi toute l’armée à une perte certaine ; on vit des caporaux tuer leur officier, des soldats refuser d’obéir et se gouverner par eux-mêmes, des aides de camp passer à l’ennemi ; on entendit des sauve qui peut ! au moment de la victoire, et des cris héroïques à celui de la défaite. C’est un monde renversé où le jugement humain flotte dans les ténèbres. De même à Florence, les étrangers déroutent complètement l’observateur qui est au fait de leurs antécédents et qui les a connus dans leurs pays respectifs. Tel garçon innocent, et réputé incapable de troubler un ménage, devient, comme le conscrit de Lutzen, un séducteur terrible ; telle dame dont vous auriez cru le bonnet solidement planté sur sa tête, le jette par-dessus les plus hauts moulins, et perd sa bataille de Waterloo. D’un côté ce sont des victoires inexplicables, de l’autre des désastres impossibles à prévoir. Voilà l’effet des voyages