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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/272

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situé daûs la rue San-Cassiano, d’un extérieur magnifique, avec un escalier de marbre blanc. Le palais est désert et dans un état de délabrement affreux. Les vitres brisées donnent accès à tous les vents de la boussole ; des lambeaux de tapisserie pendent aux murailles ; pas un meuble qui ne soit rompu ou déchiré. Deux portraits, peints par Titien, semblent regarder ce désastre avec des yeux courroucés. En fouillant dans ses vieux papiers, Gozzi retrouve une quittance d’imposition de quatre cents ducats, payés à l’état par son grand-père, ce qui annonce un revenu de plus de soixante mille livres de France. Le concierge du palais lui apprend que toute la famille est à Udine, dans une petite maison de campagne, où l’on tâche de faire quelques économies. Les créanciers ont été impitoyables ; les procès ont mal tourné ; ceux qui sont encore en suspens ne promettent rien de bon. Les mariages des deux sœurs aînées, que l’on croyait avantageux, n’ont pas tenu ce qu’on en espérait.

— Allons, s’écrie le poëte avec courage, le