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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/301

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dos, roulant dans sa tête des imbroglio, des sortilèges dramatiques, et des allégories contre les faiseurs de traductions. On vit paraître sur l’affiche divertissante de la troupe Sacchi le Corbeau, tiré d’un conte napolitain « pour l’amusement et l’instruction des petits enfants, et particulièrement destiné à la guérison des nombreux hypocondriaques de Venise. » Après le Corbeau arriva bientôt le Roi cerf, pièce à transformations « où l’on verra un monarque changé en bête passer dans le corps de plusieurs animaux, et rentrer à propos dans son véritable corps, toutes choses qui paraîtront si vraisemblables, qu’elles pourraient bien être possibles. » Ces titres bouffons trahissent l’inclination de Gozzi pour le fantastique, où il va bientôt se plonger si profondément qu’il se croira le jouet des puissances occultes.

Il y avait à Venise un vieil orateur de place publique appelé Cigolotti, qui faisait des sonnets de mariage, de naissance, de baptême, voire même des épitaphes pour vingt sous, et