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se mariait avec les parfums plus robustes de la cuisine. Le comte de M. et moi, nous fîmes une pauvre figure vis-à-vis du macaroni, que M. Linarès engloutissait en véritable indigène ; mais nous prîmes notre revanche au dessert, avec deux saladiers de fraises qui eussent bien coûté quarante francs selon la carte de Véry ou du Rocher de Cancale. À côté de nous, une douzaine d’hommes, qui avaient un peu abusé de la bouteille, chantaient des popolane, accompagnés par un violon et une flûte. Ils s’amusaient de tout leur cœur, sans faire aucune attention à leur entourage, ce qui nous mit à notre aise pour nous approcher d’eux et les écouter. Par leur caractère sérieux et mélancolique, ces chansons paraissaient d’origine espagnole, et différaient du genre de morceau appelé spécialement Sicilienne. Quelques-unes commençaient dans un ton et finissaient dans un autre ; il y en avait une d’une rhythme bizarre, où la mesure à quatre temps alternait avec celle à trois. Le mode était toujours mineur. Le violon accompagnait en syncope,