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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/322

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crieurs des rues, si on ne me payait pas ? Je prétends qu’on me donne autant de sous qu’il y a de spectateurs.

Et le public de rire et de payer. En France, Truffaldin avec sa relation et son manteau troué, eût essuyé une bourrasque de sifflets, et le lendemain l’auteur se serait mis en travail de quelque pièce d’un irréprochable ennui.

Laissons de côté la Donna Serpente, les Gueux heureux, la Zobéide, le Mostro Turchino et l’Oiseau vert, qui composent le répertoire fiabesque de Gozzi, pour suivre de préférence l’homme pendant cette période remarquable de son génie. À force d’exercer sa fantaisie et de voir représenter devant lui ses conceptions originales, notre poëte vivait entouré de magiciens arabes, de nécromans thessaliens, de derviches et de faquirs dangereux par leurs ruses. À force de faire le métier de providence et de fatalité avec toutes ces créations bizarres, Gozzi entra jusqu’au cou dans le monde fantastique ; les puissances occultes