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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/328

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comme cette table, et vous avez cinq pieds six pouces ! »

« Cela n’est rien encore. J’étais allé dans le Frioul pour la villégiatura. Je reviens en novembre, et je rentre enfin dans Venise, après une nuit et un jour passés en voiture, dans la neige, par un vent du diable ; j’arrive accablé de froid, de faim, de fatigue et de sommeil. — Gondoliere, porte-moi à San-Cassiano, au palais Gozzi. — Ma paisible petite rue se trouve encombrée de gens du peuple qui crient comme des aigles. — Qu’y a-t-il donc ? — C’est le seigneur Bragadino, qui a été créé ce matin patriarche de Venise ; il fait des largesses au peuple. Cela ne durera que trois jours. — Je frappe à ma porte, un maître d’hôtel vient m’ouvrir, la serviette sous le bras. — « Que faut-il vous servir, signor ? Nous donnons le régal et l’hospitalité à tout le monde indistinctement. » Je le crois bien, je suis chez moi ici ; je m’appelle Charles Gozzi, cette maison est la mienne. — « C’est la vôtre, en effet, signor, tout le monde est chez nous comme