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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/345

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avait pris immédiatement sa place. Heureusement, si Darbès et Fiorilli emportaient la gaîté avec eux, ils ne donnaient point le génie fiabesque aux mauvais et obscurs faiseurs du théâtre Sant’Angelo ; mais la décadence et la dispersion de la troupe Sacchi n’en étaient pas moins inévitables. Truffaldin prenait de l’âge et perdait ses jambes. Pour surcroît de complication, ce vieux fou s’avisa d’être amoureux de la Ricci, et malgré ses soixante-dix ans il donna de l’ombrage à notre poëte, qui voulait bien se contenter du titre d’ami, à condition de ne point voir d’amant en titre. Un jour Gozzi trouva sa belle occupée à tailler du satin blanc pour faire une robe. C’était un cadeau de Sacchi, et la jeune première, avec la naïveté italienne, aurait bien voulu conserver à la fois les aunes de satin et sa vertu. La chose étant décidément impossible, elle garda le satin.

Avant l’arrivée de cette actrice, Gozzi, sans prédilection dans la troupe, également sévère et juste pour tout le monde, dressait ses artis-