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lieu du monde. À part ses défauts, îa population est d’ailleurs honnête et laborieuse. Le vrai bonacchino ne tuerait pas un homme par un vil motif d’intérêt, et il renierait avec indignation l’industrie peu exemplaire qui consiste à donner des taillades ou des coups de stylet pour de l’argent. Dans le quartier qui s’étend au pied du mont Peilegrino, on trouve quelques bonnes âmes désœuvrées de jour, et d’une activité dangereuse les soirs de nouvelle lune, qui vous débarrassent d’un ennemî à un prix modéré, je dirai même chétif, si on le compare aux anciens tarifs.

Michel Cervantes nous apprend, dans son histoire de Rinconète et Cortadillo, que de son temps la tagliada se payait, à Séville, cinquante ducats, qui en valaient plus de cent d’aujourd’hui. L’homicide devait au moins coûter le double. La vengeance était, comme on le voit, à un prix énorme en Espagne ; elle a subi un rabais à Palerme. D’honnêtes gens qui l’avaient apparemment marchandée m’ont assuré que pour la bagatelle de cinq piastres on