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les pécheurs frappent et percent à grands coups de crocs et de piques de fer. Plus on en tue, plus il se présente de victimes. En un clin d’œil, la scène n’est plus qu’une mer de sang ; les curieux eux-mêmes en sont inondés. Des cris féroces annoncent la joie des exécuteurs. Le massacre est effroyable. Quelques barques sont renversées par les coups de queue et les convulsions des poissons ; c’est là le seul danger que courent les assassins. On ne songe d’abord qu’à faire le plus de morts possible. Dans le désordre du désespoir, les thons restent assez long temps à portée des barques, puis ils essayent de s’enfuir et plongent en cherchant une autre voie. Ceux qui n’ont pas été frappés s’échappent ; d’autres, blessés mortellement, s’en vont expirer en pleine mer ; la plupart restent éventrés sur le champ de bataille ; et quand on ne voit plus rien à tuer, on ramasse les cadavres et on les tire dans les barques, d’où on les charge sur les charrettes qui rentrent triomphalement à Palerme. De jolies dames, avides de ce spectacle, retour-