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mépris injuste ; de l’énergie et des passions, et il les voit donner des taillades et des coups de stylet par jalousie ; de l’intelligence, et il voit leurs progrès malgré le blocus de la Sicile ; de l’aptitude pour les arts, et il les entend chanter un chœur sous ses fenêtres, lui qui ne pourrait pas mettre Malborough sur l’air ; des instincts civilisés, et il les voit écouter les vers de Meli et les récits des constastorie avec un recueillement et une admiration antiques, lui qui n’a jamais eu de sa vie une idée poétique dans la cervelle.

Tant il est vrai qu’avec de l’esprit, un jugement faux, et une organisation vulgaire, on demeure dix ans dans un pays sans le connaître ! On fait des jeux de mots, on décoche la fine malice avec agrément, on traite les autres de barbares, et on n’est soi-même qu’un Béotien et un sauvage, ce qu’on serait bien étonné d’apprendre.