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cercles de mangeurs sont assis sur l’herbe, et ce qu’ils absorbent de macaroni est impossible à calculer. Le vin ne jouit pas d’une grande faveur ; le peuple de ce pays-là ne recherche pas cette gaieté factice qui tourne en brutalité, trouble la cervelle et prépare à la tristesse pour le lendemain. Je ne connais rien d’entraînant et de communicatif comme la joie du Napolitain ; elle est franche, saine et naturelle. Jamais elle n’est gâtée par ce sentiment honteux de haine et d’envie que le peuple du Nord porte souvent aux gens plus riches que lui. Les barrières de Paris ne seraient pas sûres pour tout le monde un jour d’orgie ; dans les fêtes de Naples, au contraire, vous trouvez partout des visages qui sourient et répondent par de la cordialité à votre propre bienveillance. Si vous vous approchez des danseurs, on s’écarte pour vous donner la meilleure place. La tarentelle allait finir : on la prolonge afin d’amuser l’étranger. Si vous allez vers les mangeurs, ils vous offrent du macaroni, un verre d’eau à la neige ou de limo-