Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 82 —

soutenant en face que vous les avez brisées. Tous les voyageurs de notre voiturin se plaignaient à la fois de la grossièreté du mensonge. Je les engageai à payer de bonne grâce leurs cuvettes et à se donner le plaisir de les achever, ce qui produisit au départ un joli vacarme de pots cassés. Une indignation générale s’était soulevée à ce procédé inattendu, et notre conducteur, qui connaissait son monde, craignait une émeute contre nous.

Je ne sais pourquoi je m’étais construit dans l’imagination des Marais-Pontins d’un aspect sinistre, une voie artificielle représentant à l’œil la juste mesure du travail énorme qu’elle a dû coûter. Je cherchais un désert, des marques visibles de l’air pestilentiel. Au lieu de cela, je fus surpris de voir une route bordée d’acacias et de platanes, semblable à une avenue conduisant à quelque château de plaisance. D’un côté est un canal d’assainissement sur lequel descendent les bateaux chargés de joncs et de foin ; de l’autre, des vaches qui paissent tranquillement. Partout une verdure fraîche