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Page:Pauphilet - Contes du jongleur, 1932.djvu/40

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CONTES DU JONGLEUR

et reporte-la, telle qu’elle est, à celle qui naguère me l’envoya. Dis-lui ceci : Si elle m’aime comme elle l’assure, elle devra la revêtir pardessus toutes ses parures, pour servir les chevaliers assemblés qui festoient chez elle. »

La dame accueillit le messager et, prenant sans hésiter la tunique, elle dit : « Oui, déchirée de coups d’épée, teinte du sang de mon vrai ami, c’est pour moi une parure royale ! Car ni or fin, ni pierres précieuses ne me seraient aussi chers que ce sang noirci. Oui, certes, ce que mon doux ami me mande, je le ferai fièrement. »

À l’heure du festin, au milieu de l’assemblée brillante, elle parut accoutrée du haillon glorieux et sanglant, horrible. Malgré l’étonnement,

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