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Page:Pauphilet - Contes du jongleur, 1932.djvu/81

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LE LAI DE L’OISELET

deux ensemble : vous y gagnerez les plaisirs qui passent et la joie qui dure, le monde et le ciel ! »

Ainsi disait l’oiselet en son chant ; et un frémissement mystérieux courait par le jardin. Soudain il vit sous l’arbre le vilain qui, d’un œil plein de convoitise, le cherchait parmi les feuillages. Aussitôt il changea de ton, et voici le second lai qu’il chanta :

« Ô fontaine, arrête ton cours ! Murs, tours, écroulez-vous ! Donjon, péris ! Fleurs, fanez-vous ; séchez, herbes des prés ; arbres, laissez-vous choir comme de longs cadavres ! Ici m’écoutaient jadis de sages clercs, dames et chevaliers gentils, qui aimaient ces lieux et se délectaient à mes chants. Au jardin magique ils apprenaient le plus bel amour, la

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