Soubhadrâ le regarda et se dit : « C’est là un héros, et non un ascète mendiant ! » — Pendant qu’il mangeait, la sympathie d’Ardjouna s’accrut ; il fut fasciné par l’éclat de l’amour : — Soubhadrâ sentit le désir de l’avoir pour époux, et tous les deux ils étaient troublés par l’amour.
— Un jour, au retour de ses pèlerinages aux lieux sacrés, il s’était fixé hors de la ville ; il était allé s’établir aux portes de Dvâraka, connu seulement de Krichna.
— Dès que le prince des Yâdavas ne fut plus aux portes de Dvâraka[1], Ardjouna vint s’y placer ; — Soubhadrâ monta sur un char divin et se précipita hors de la ville (sous prétexte d’aller adorer Civa). — À la vue d’Ardjouna, le trouble s’empara d’elle ; elle arrêta le char et l’amour la saisit plus fortement. — Elle cherchait du regard le visage et la personne d’Ardjouna et de Krichna (en se disant) : « Ô mon époux ! ne tarde pas à paraître ! » — Monté sur le char, Ardjouna marche en avant ; il a pris son arc en main, car, avertis de l’enlèvement de Soubhadrâ, — tous les Yâdavas se lancent sur ses traces, l’attaquant avec leurs flèches ; ils crient à Ardjouna (qu’ils n’ont pas reconnu) de s’arrêter. — Mais, pareil à un lion seul contre une troupe d’éléphants, il emmène la jeune fille, sans que personne puisse le retenir ! — Or, tandis qu’il enlève ainsi Soubhadrâ, voici que cette conduite est dénoncée à Balarâma, — qui, saisi tout aussitôt d’une fureur extrême, se met en devoir de mettre à mort le (prétendu) ascète mendiant. — Prêt à combattre, il se précipite sur son char, tout furieux, lorsque Krichna vient arrêter sa marche, — et lui dire : « Ô Balarâma ! ce n’est point un ascète mendiant qui enlève notre sœur : c’est Ardjouna ! — Il est venu
- ↑ Il faut sous-entendre que toute la population, Krichna et Balarâma marchant en tête, était sortie hors des murs pour assister à la fête qui se célèbre après la saison des pluies.