Page:Pavie - Notice sur les travaux de M. Eugène Burnouf.djvu/15

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de Darius. Le danois Rask, qui, comme Anquetil-Duperron, s’était dévoué à la recherche et à l’étude des textes zend, avait fixé la valeur de l’m et de l’n : c’était une conquête que la possession de ces deux lettres !

Encouragé et soutenu par le travail de ses devanciers, M. E. Burnouf reconnut douze lettres ; les deux inscriptions, il les publia avec une transcription et une traduction que la prudence oblige à regarder seulement comme étant d’une exactitude vraisemblable, puisque la science n’a pas dit son dernier mot sur ces mystérieuses études. Dans cette excursion à travers les ruines d’Ecbatane, M. E. Burnouf se trouvait en présence de ces rois divins, de ces rois des rois, contemporains des textes zend, victorieusement interprétés par lui. Les quelques lignes qu’il venait de lire jetaient une vive lumière sur les majestueuses représentations de ces monarques. Darius et Xerxès s’y donnent des titres pompeux et emphatiques en harmonie avec leur puissance, et que les Grecs résumaient dans celui de grand roi. Ils s’intitulent aussi les rois des provinces qui produisent les héros ; ces héros, ce sont les pelhvan qui entourent les images de Xerxès, garde d’élite instituée par Cyrus un siècle auparavant, et qui servait d’escorte à ce conquérant. Enfin, Ormuzd y est invoqué comme le dieu suprême, comme le dispensateur des biens ; d’où il résulte que le culte d’Ormuzd régnait sans partage en Perse au cinquième siècle avant notre ère. Dans les explications savantes et clairement exprimées, qui servent de commentaire à ces courtes inscriptions, on reconnaît la verve, l’ardeur contenue de l’érudit passionné, du philologue entreprenant qui a trouvé une mine féconde à exploiter. Nul doute que, s’il lui eût été donné de fournir une plus longue carrière, M. E. Burnouf n’eût fait connaître ce qu’il avait tenté déjà pour la lecture des inscriptions de Persépolis. Il eût aimé à dévoiler le mystère qui recouvre ces monuments, où, comme disait Chardin dans son naïf enthousiasme, « on retrouve je ne sais quelles ombres de la grandeur des Perses ! »


II.


Mais, au milieu de ses études si variées, dans son domaine scientifique, qui s’étendait de la Chine à l’Indus, de Ceylan au Cachemire, M. E. Burnouf devait à l’Inde proprement dite, une attention particulière. Professeur de sanscrit au collège de France, tenu sans cesse en