Page:Pavlovsky - En cellule, paru dans Le Temps, 12, 19 et 25 novembre 1879.djvu/15

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Cette scène !…

Un bruit à la porte ! Deux yeux brillent au judas, deux yeux sur un fond noir… Les tableaux des temps passés disparaissent et je me revois dans ma cellule étouffante.

Quelquefois, je me mettais près du poêle de manière à ce que le factionnaire ne pût me voir. J’étais heureux de lui causer un désappointement ; je l’entendais alors tambouriner des doigts contre la porte. Cela se fait de jour pour s’assurer de la présence du prisonnier, de nuit pour voir s’il dort. Il est rare qu’un détenu, surtout dans les premiers temps de sa captivité, ne s’approche ou au moins ne se retourne du côté de la porte quand le factionnaire se met à y frapper à petits coups. Même plus tard, tout habitué qu’il est à cette manœuvre, le prisonnier se retourne ou s’approche de la porte dès qu’il entend du bruit.

Un jour je me suis mis à la fenêtre. Des gouttes de pluie rebondissaient contre la vitre. Le crépuscule recouvrait tout de ses teintes grises. À travers le bruissement de la pluie, j’entendais gémir le vent et mon imagination évoquait le tableau d’une tempête en mer.

Je voyais des vagues énormes couronnées de crêtes blanches d’écume, des roches gigantesques contre lesquelles se brisaient les vagues pour retomber en une pluie de gouttes scintillantes. Involontairement des analogies consolatrices naissaient dans mon esprit et se formulaient en strophes cadencées et sonores ; elles me paraissaient telles en ce moment… Tout à coup :