Page:Pavlovsky - En cellule, paru dans Le Temps, 12, 19 et 25 novembre 1879.djvu/31

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à pierre fendre. Cinq mois s’étaient écoulés depuis que j’avais été arrêté, et pendant tout ce temps je n’avais pas vu de ciel étoilé. Je levai la tête et me mis à admirer ce spectacle dont j’avais été privé depuis si longtemps. Je ressentais la même chose qu’un myope auquel on aurait mis des lunettes pour la première fois.

— Avancez, avancez ! retentit un ordre bref derrière moi.

Nous entrâmes au greffe de la prison, on m’y rendit quelques-uns de mes effets en me faisant signer un reçu. Puis j’entendis un cri à travers la porte.

— C’est prêt. Recevez !

Je fus emmené de nouveau ; nous descendîmes dans la cour. Là, on me fit monter en voiture et nous partîmes.

— Où allons-nous ? » demandai-je à une de mes gardes qui était monté en voiture avec moi.

Je reçus la réponse connue :

— Je ne puis le savoir !

J’entendais le bruit de voitures roulant sur le pavé, quelqu’un riait… on chantait une chanson populaire… j’entendais les pas des nombreux passants sur le trottoir. Je m’efforçais de penser à tout à la fois, ma tête voulait éclater.

Notre voyage dura longtemps, une heure au moins. Enfin on s’arrêta. Lorsque je quittai la voiture je ne vis autour de moi que des murailles hautes et noires ; nous étions dans une cour de prison. Il faisait très sombre, mais je pouvais distinguer une quantité innombrable de petites fenêtres trouant les murs